Constance de Bretagne (1161-1201), une duchesse face à Richard Cœur de Lion et Jean-sans-Terre
En 1166, le duc de Bretagne Conan IV doit abdiquer après
s'être révélé incapable d'endiguer la fronde contre son seigneur, le roi
d'Angleterre et duc de Normandie Henri II Plantagenêt, suzerain du duc depuis
1158. Conan lui remet également sa fille, âgée de cinq ans, destinée à lui
succéder après sa mort. La petite Constance va donc grandir en Angleterre. A
cette époque, la cour anglaise vibre aux récits des exploits du légendaire roi Arthur,
popularisés par le clerc gallois Geoffroy de Monmouth. Son livre, l'Histoire
des rois de Bretagne, publié vers 1135, appelle à la renaissance bretonne
en évoquant la résistance victorieuse du roi Arthur face à l'invasion saxonne sur l'île de Bretagne. Geoffroy de Monmouth parle également du premier roi légendaire de Bretagne continentale, Conan Meriadec et raconte que son descendant, Hoël le Grand, neveu d'Arthur, combattit aux côtés de son oncle l'envahisseur saxon. Ces récits invoquant la gloire de la terre dont elle était
l'héritière n'ont pas pu laisser Constance indifférente: son père portait le
même prénom que le premier roi de Bretagne et l'un de ses ancêtres, qui avait été duc de Bretagne de 1066 à 1084, était prénommé Hoël! Dans un tel environnement, la
jeune fille dut se dire très tôt qu'elle reprendrait le flambeau de la lutte
pour l'indépendance bretonne dès que possible.
En 1181, Constance épouse Geoffroy Plantagenêt, le fils d'Henri II et le frère cadet de Richard Cœur de Lion. Comme sa
femme, Geoffroy prendra fait et cause pour l'indépendance du duché, jusqu'à sa mort en 1186, sans avoir que Constance est enceinte. L'année suivante naît un fils qu'elle appelle Arthur... Le nouveau-né est vu
comme la réincarnation du roi légendaire, appelé à libérer les Bretons de la
domination anglaise. Les prophéties de Merlin qui annonçaient le retour victorieux d'Arthur n'ont jamais semblé si proches de s'accomplir. Successivement, Henri II puis, après sa mort en
1189, Richard Cœur de Lion qui lui a succédé, tentent de s'emparer de
l'enfant. Leurs tentatives sont vaines en raison de l'opiniâtreté de la
duchesse. Après la mort de Richard sans héritier direct en 1199, la duchesse
défend les droits de son fils à la couronne anglaise contre Jean sans Terre, en allant chercher l'aide du roi de France Philippe Auguste.
Constance, dont les
historiens s'accordent à dire que son dernier mariage avec Guy de Thouars (avec
qui elle aura trois filles) fut un mariage d'amour, apparaît comme un personnage
d'une étonnante modernité et, peut-être, comme la plus grande duchesse bretonne.
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Pierre Ier de Bretagne (1213-1237)
Un Capétien sur le trône ducal
En 1212 le roi de France Philippe Auguste choisit son parent Pierre de Dreux (également surnommé Pierre Mauclerc) comme
époux de la duchesse Alix, l’héritière du duché breton. Il espère ainsi
rattacher un peu plus à la France une Bretagne encore sous souveraineté
anglaise dix ans plus tôt. Le mariage a lieu l’année suivante. Pierre Ier reçoit la Bretagne en bail en attendant que son héritier à naître (le futur Jean Ier) atteigne sa majorité.
Mais, avant de s’occuper des affaires bretonnes, en 1214, Pierre Ier doit
aider le roi de France à mettre en échec la tentative du roi
d’Angleterre Jean sans Terre de récupérer ses possessions continentales
perdues en 1203-1204. Après l’avoir repoussé devant Nantes, il le met en
fuite à La Roche-au-Moine. Profitant du prestige acquis par ces
victoires, Pierre Ier unifie
le duché breton en s’emparant du Penthièvre, puis, en 1216, de
Lesneven, capitale des vicomtes de Léon qui se soumettent définitivement
à son autorité vers 1222.
Tant que Philippe Auguste (1180-1223) est roi de France, Pierre Ier est
d’une fidélité absolue à son souverain à qui il doit tout. En revanche,
les rois Louis VIII (1223-1226) et Saint Louis (1226-1270) s’opposant à
ses ambitions, Pierre n’hésite pas à aller faire hommage au roi
d’Angleterre Henri III ! Mais, à deux reprises, ce dernier se rétracte
avant l’affrontement décisif, obligeant Pierre Ier à se soumettre au roi de France.
Malgré ces échecs, Pierre Ier, appliquant les méthodes de sa famille royale capétienne, reste celui
qui aura permis l’unification du duché, la modernisation de son
administration et le renforcement de l’autorité ducale, préfigurant
« l’âge d’or de la Bretagne ». Surnommé « Mauclerc » en raison de ses
démêlés avec le clergé breton, il s’attacha en fait à réduire le pouvoir temporel des évêques, tâche indispensable pour renforcer le pouvoir ducal, dont bénéficieront ses successeurs.
Poète, figure exemplaire du chevalier en raison de sa bravoure au combat, le "hardi breton" meurt en croisé en 1250 après avoir remis les rênes du duché à son fils en 1237. Bien avant sa mort il était devenu un des personnages les plus prestigieux de son temps.
Ayant
introduit l’hermine (qu’il avait choisie pour briser son blason) en
Bretagne, il est à l’origine du drapeau breton actuel et méritait bien
qu’on lui rende hommage pour les 800 ans de sa prise de fonctions à la
tête du duché.
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Arthur de Bretagne (1187-1203) l'espoir breton assassiné
Cet ouvrage raconte
comment, à la fin du XIIe
siècle, la Bretagne, passée sous domination anglaise pendant le règne d’Henri II
Plantagenêt (roi d’Angleterre de 1154 à 1189), tenta de s’en affranchir sous
l’impulsion de la duchesse Constance (morte en 1201). Celle-ci avait été mariée
par Henri II à son troisième fils Geoffroy II Plantagenêt, dans le but de
continuer à dominer le duché breton par son intermédiaire.
Mais, Geoffroy II,
désireux de s’affranchir de l’autorité paternelle et de donner à la Bretagne son
indépendance, s’était révolté contre son père et était allé chercher de l’aide à
Paris auprès du roi de France, Philippe Auguste. Il meurt au cours de son séjour
dans la capitale, d’un accident de tournoi, sans savoir que sa femme est
enceinte d’un fils.
A sa naissance en mars
1187, l’enfant est prénommé Arthur, en référence à « l’espoir breton » du retour
du roi légendaire. Selon la légende arthurienne, le roi Arthur était parti se faire soigner de ses blessures après
la bataille de Camlann, et les Prophéties
de Merlin avaient annoncé qu’une fois guéri, il reviendrait libérer tous les
Celtes de la domination étrangère. A la fin du XIIe siècle cette croyance est partagée
par l’ensemble du monde celte, de l’Armorique à l’île de Bretagne. Or, le petit
Arthur qui vient de naître, en tant qu’héritier du duché breton et prétendant à
la couronne anglaise, apparaît en mesure de réaliser cette prophétie et est donc
dès sa naissance considéré comme la réincarnation du roi
légendaire.
A la mort d’Henri II en
1189, son fils Richard Cœur de Lion lui succède sur le trône anglais. Lui-même
meurt sans héritier en 1199 sans avoir préparé sa succession. Les règles
successorales de l’époque désignent clairement son neveu Arthur de Bretagne
comme devant hériter de la couronne, mais le dernier frère de Richard, Jean sans
Terre, n’entend pas laisser le laisser réaliser le vœu de tout un peuple et
parvient à se faire couronner roi à sa place. L’affrontement entre les deux
hommes débute immédiatement, Arthur n’entendant pas renoncer à ses droits au
trône. Mais en 1202 Jean sans Terre, devenu Jean Ier, parvient à capturer Arthur avant de
l’assassiner l’année suivante.